Smart City ou Data City?

Faisant suite à un autre de nos articles sur IOT, qu’en savez-vous ? Nous avions présenté alors les grandes lignes du concept de Smart City. Le sujet est si important, que nous avons décidé d’en écrire un article plus critique sur les avantages et inconvénients.

Smart city, brève définition.

Pour se transformer en smart city, une ville dispose de multiples domaines où agir.
Une ville intelligente se concentre sur les gens dans l’espace urbain et traite d’une grande variété de sujets, qui sont divisés en six domaines d’action.
Ces six points fondamentaux d’action permettent d’orienter les objectifs dans cette voie, selon la définition des smart cities de Boyd Cohen, un chercheur en développement urbain :

  • Mobilité englobe toutes les facettes des véhicules autonomes, vélopartage, chaînes de transport multimodal et les concepts logistiques entièrement nouveaux.
  • Qualité de vie concerne l’espace de vie personnel conçu plus intelligemment, par exemple pour donner
    plus d’autodétermination et de sécurité.
  • Économie est, entre autres, pour de nouvelles formes de travail avec le réseautage des acteurs.
    Le coworking est aussi important que l’innovation ouverte et de nouvelles formes de coopération agile.
  • Environment décrit la gestion intelligente de l’urbanisme (bâtiments et espaces verts), qui identifie les problèmes le plus tôt possible et rend les emplacements plus attrayants.
  • Gouvernance décrit l’application des technologies du secteur public, telles que l’interaction entre les
    résidents et l’administration, ainsi qu’au sein de l’administration.
  • Société La quintessence d’une population qui est impliquée dans les décisions et les projets. Plus la participation de la population est élevée, plus une ville peut devenir accueillante. Il s’agit également, de l’adapter aux personnes handicapées, et à l’égalité des chances.

Une ville intelligente est une zone urbaine qui utilise différents capteurs électroniques de collecte de données pour fournir des informations permettant de gérer efficacement les ressources et les actifs. Cela comprend les données collectées auprès des citoyens, des dispositifs mécaniques, des actifs, traités et analysés pour surveiller et gérer les systèmes tels que circulation, transport, centrales électriques, réseau d’approvisionnement en eau, gestion des déchets, systèmes d’information, écoles, bibliothèques et hôpitaux.         Wikipedia

Villes durables du futur ?

Idéalement, qu’elle soit connectée, digitale, collaborative, informationnelle ou augmentée, la smart city serait une ville efficace dans le partage des informations, durable sous l’effet des pressions énergétiques et agréable grâce à un panel de services attractifs. Elle gèrerait des infrastructures communicantes, adaptatives et automatisées pour améliorer la qualité de vie des citoyens et pour défendre le respect de l’environnement.

La smart city favoriserait la construction de son intelligence. Économie, mobilité, environnement, habitat, administration, agriculture, autant de secteurs dans lesquels les villes rivaliseront d’ingéniosité. 

Les belles promesses de la Smart City

Les avantages mis en avant pour une ville intelligente, sont pléthore, et varient selon l’interlocuteur et la définition qu’il a de l’intelligence : un ingénieur réseau ne va pas toujours mettre en avant les mêmes avantages qu’un sociologue qui interroge cette notion très marketée.

Avancées de gestion et avantages pour les usagers se recoupent parfois. Encore faut-il savoir de quel usager on parle.

Toutes ces théories devront passer par une mise à l’épreuve. Faute d’avoir toujours le recul pour soupeser en connaissance de cause les bienfaits et inconvénients.

Petite revue d’atouts plus ou moins théoriques:

  • Ecologie. La smart city permettrait d’améliorer la qualité environnementale, grâce à un recours intensif aux smart grids – réseaux électriques intelligents – bardés de capteurs renvoyant des quantités de données/informations qui sont analysées.
  • Performance de l’e-administration. C’est un des piliers de la smart city. Dans un contexte de crise des finances publiques, il faut faire mieux avec moins.
  • Une ville plus sûre. La smart city se veut aussi une réponse aux problèmes de sécurité, de la délinquance aux incendies, en s’appuyant sur l’analyse prédictive de grandes quantités de données.
  • Une ville plus démocratique. Devenues intelligentes, les villes permettraient un retour aux sources de l’idéal démocratique, au sens étymologique : le pouvoir du peuple. L’ouverture des données publiques est ainsi au cœur des politiques des villes intelligentes.
  • Qualité de vie, parkings intelligents, services de transport efficaces, Wi-Fi public, gouvernement numérisé, toutes ces technologies sont susceptibles de créer un impact positif sur la vie des citoyens car elles leur rendent les choses fiables et plus faciles.

Ils en parlent

Bien que les avantages sont évidents, et indéniables, embouteillages et stationnement, gestion des énergies (eau gaz électricité…), gestion des transports publics et marchandises, et bien d’autres.

Le concept de smart city est aussi populaire que mal aimé. S’il est largement employé, c’est qu’il est ambigu : le qualificatif « smart » peut être traduit par « intelligent » mais aussi « futé » ou « astucieux », il associe des capacités de raisonnement à des qualités créatives.
Il évite d’employer le mot numérique, trop générique ou trop technique. Il désigne enfin à la fois un territoire, une concentration d’individus et une collectivité.

Mais le concept est aussi vivement critiqué. Il serait un pléonasme, la ville étant par définition intelligente puisque pur produit de l’intelligence humaine.
Il réduirait la ville à un système où la technologie constituerait la solution à tous les problèmes. Avec pour risque une « société algorithmique » où la machine prendrait les décisions à la place des humains. D’autre part les plus virulents détracteurs mettent en garde contre la surveillance étatique de tous les faits et gestes de la population (style Pékin)
Il serait enfin réducteur car réservé à « la ville » alors qu’il est déclinable à tous les territoires.

Alors, Smart cities, utopie, ou dystopie ?

Voulant ouvertement jouer les « avocats du diable » nous allons soulever quelques questions qui, à notre avis, mériteraient que l’on se penche dessus.

À qui appartiendrait la ville ?

Les grands acteurs du numérique sont les maîtres de la donnée. Mais sont-ils aussi les maîtres de la ville ? Quel que soit le domaine, les datas irriguent la smart city et participent au fonctionnement urbain. Conséquence ? Pour garder le contrôle, les villes se transforment en gestionnaires des données.

Deux logiques s’affrontent : la logique de la cité politique avec un maire élu par des citoyens, qui propose un projet de société à long terme et, de l’autre côté, la « ville asservie », où l’intérêt général ne compte pas, où c’est Google Maps qui vous dit comment aller d’un point A à un point B. Tout le contraire de l’esprit collaboratif. Une ville qui fonctionnerait comme le site d’Amazon : vous commandez les services en trois clics et la notion de collectif est complètement dissoute.

Risque de dépendance technologique ?

Imaginons que tous les services de la ville soient gérés sur une unique plateforme. La présence massive de données attise d’autres convoitises. (Attaque des services municipaux d’Atlanta, piratage du métro de San Francisco ou de l’aéroport de Bristol…) En devenant plus intelligentes, les villes accroissent leur vulnérabilité aux cyberattaques.

À l’ère du tout connecté, il ne s’agit pas de savoir si un jour on va être piraté. Le sujet est de savoir ce qui a été mis en place pour limiter ce piratage. Il est important de concevoir une architecture de sécurité, de mettre en place des technologies pour isoler les données, les protéger, etc..

Nous intégrons de plus en plus de données de chiffrement dans ces solutions, en utilisant notamment les nouvelles technologies comme la blockchain pour nous assurer de l’intégrité de la donnée qui est transmise

Les perspectives offertes par l’intelligence artificielle interrogent également sur le contrôle de la ville sur ses prises de décision. 

5G, entre amour et haine

Ville réservée aux élites ?

Autre promesse de la smart city : repenser la gouvernance de la ville, notamment en encourageant la participation des citoyens. Pour cela, elle s’appuie sur "les technologies citoyennes". Mais, en imposant le recours au numérique pour accéder aux services municipaux, ne va-t-elle pas accroître les inégalités ? C’est la question de la fameuse fracture numérique. Il existe un enjeu : quelles mesures la ville va-t-elle mettre en place pour contrer la pauvreté informationnelle ?

Fin de la vie privée ?

Impossible d’être anonyme dans la smart city. Pour alimenter la ville intelligente, la masse de données produites par les différents capteurs doit être importante. Or la plupart d’entre elles ont un caractère qui peut être personnel. La géolocalisation cristallise ainsi les enjeux de la vie privée dans la smart city. Suivre à la trace les citoyens est devenu possible grâce à l’explosion de la vidéosurveillance et à l’émergence de technologies comme la reconnaissance faciale. Parallèlement à la smart city, est apparue la notion de safe city, une ville plus sûre grâce à la technologie. 

Retour de Big Brother?

C’est un fait, le chiffre d’affaires du secteur mondial de la vidéosurveillance est en plein essor depuis ces dernières années. La tendance à la hausse devrait continuer son ascension pour les années à venir.
Effectivement, selon les prédictions, le secteur de la vidéosurveillance devrait enregistrer une croissance annuelle et moyenne de plus de 10 %.

De plus, face au sentiment d’insécurité grandissant, c’est devenu un espace hyper concurrentiel, soutenu par les états.

En Chine la vidéosurveillance est utilisée pour appliquer un système de notation du citoyen, qui dépend notamment de leurs comportements dans les lieux publics. Dans cette « société de l’intégrité », les citoyens pénalisés se voient privés du droit de postuler à certains emplois, d’inscrire leurs enfants dans certaines écoles ou encore de prendre les transports.
Selon une étude américaine (IHS Markit), il y avait 176 millions de caméras en Chine en 2016, et il est prévu d’en installer 450 millions, avec pour objectif un réseau national « omniprésent, entièrement en réseau, toujours opérationnel et entièrement contrôlable » promis dans un document officiel publié en 2015. Le pays ne cesse d’innover en la matière.
En avril, le New York Times révélait que le système, couplé à un logiciel de reconnaissance faciale et aux bases de données de personnes surveillées par l’État, était utilisé pour traquer la minorité ouïghour. En Chine, c’est ouvertement un outil fondamental de contrôle de la population.

Comme toujours, le problème vient de l’utilisation faite des données collectées…

La smart city, une démarche plutôt qu'une finalité

En définitive, la smart city doit être appréhendée comme un processus, une démarche et non pas comme une finalité.
Une démarche porteuse de valeurs, comme prévu initialement.

La smart city doit s’entendre comme un moyen de « mettre la ville en partage » au bénéfice de ses habitants, et invitant ceux-ci à une collaboration participative. 
Un sujet brûlant est celui de la souveraineté des données, et de l’utilisation de celles-ci, sachant que chaque comportement surveillé contribue à produire une norme statistique. Donc une transparence sur leur utilisation est plus que nécessaire. 

De même que l’usage des technologies biométriques telles que la reconnaissance faciale doivent être systématiquement étudiées, et ne pas les limiter à la cybersécurité mais intégrer l’analyse des biais discriminatoires et le respect des droits des mineurs.

Les algorithmes utilisés pour la capture des données devraient être régulièrement audités après leur déploiement pour vérifier leurs effets. Et ainsi remettre l’humain au centre de la Smart City, et mettre la technologie au service de ses habitants.

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